29 Nov Ça paye combien le Stream ?
Sans avoir un pied dans la musique, on se soucie rarement de comment le stream fonctionne. Et pourtant, un français écoute en moyenne plus de 16h de musique par semaine via des plateformes de streaming (merci la crise sanitaire !). Aujourd’hui, c’est la première source de revenu des artistes sur leur musique, devant les concerts et les ventes physiques. On te détaille tout ça.
LES BASES DU STREAM
Streaming vient de l’anglais, traduit littéralement ça veut dire flux/courant. Écouter de la musique en streaming signifie pouvoir y accéder en continu, à tout moment et sans réellement ne la posséder ni la télécharger.
Les premières plateformes de stream devenues virales sont YouTube et Dailymotion. Des fichiers vidéo et audio sont mis en ligne gratuitement et leur accès est libre. Si l’ordinateur ne stocke pas les données, la mémoire vive les analyses et c’est selon sa capacité que sont proposés les différents formats de définition. Plus la technologie se développe, plus elle est apte à traiter ces données, meilleure sera la qualité.
C’est d’autant plus fluide pour les plateformes de stream musical, qui ne proposent majoritairement que du contenu audio et écoutable en tâche de fond (sans obligation d’avoir son écran allumé ou d’être sur l’appli). Mais la consommation gratuite ça paye peu les artistes et encore moins les développeurs, les hébergeurs, les investisseurs, … C’est là qu’interviennent les différentes façons de rémunérer tous les acteurs, notamment avec la pub et les abonnements.
L’ARGENT DU STREAM
La pub est le premier moyen mis en place pour rémunérer le stream. Plusieurs formats (audio et vidéo) sont disponibles selon les plateformes et elle possède certains avantages. Le ciblage d’un public permet de mieux exporter sa musique et ainsi faire plus d’écoute (et d’argent). Dans l’autre sens, les pubs sponsorisées par les annonceurs rapportent quelques centimes par ci par là si elles sont écoutées en entier, et un peu plus si l’utilisateur clique.
Mais le but de ces interruptions incessantes, c’est de pousser l’utilisateur à s’abonner pour s’en débarrasser ! Dans les meilleurs des cas, ce sont ces abonnements qui rémunèrent le plus les plateformes de stream. Ils donnent accès à des options plus intéressantes que les comptes gratuits et payent tous les acteurs de la chaîne. Malheureusement l’artiste en lui-même est celui qui touche le moins de parts, 0,46 € sur un abonnement Spotify à 9,99 € en 2014. Ça paye d’abord tous les intermédiaires des plateformes, puis la TVA reversée à l’État, le droit d’auteur et la part du label, et enfin l’artiste. Et c’est pas le plus optimal vu que seulement 30 à 50% des utilisateurs ont des abonnements.
L’artiste peut quand même espérer une source de revenu convenable, tant qu’il est écouté au max ! Mais c’est dur, car une écoute sur Spotify rapporte 0,0032 $ en 2020, il faut donc 360 écoutes pour générer à peine 1 €. De plus, les 10% d’arrtistes les plus écoutés s’accaparent 90% du marché. C’est YouTube qui paye le plus mal avec 0,0007 $ l’écoute, et Napster qui paye le mieux avec 0,019 $ dans la poche de ton chanteur (et ces chiffres varient grandement selon les pays). Le problème, c’est que Napster ne compte que 5 millions d’utilisateurs et YT plus de 1,4 milliards. Au pire, il reste toujours la SACEM ou faire le job en indépendant pour s’affranchir des pourcentages des labels.
LES CHANGEMENT APPORTÉS PAR LE STREAM
Tu te souviens d’Hadopi le chasseur de pirates voguant sur MégaUpload ? Il a disparu grâce au streaming, mais les lois restent strictes sur l’usurpation de droit d’auteur (téléchargement, contrefaçon, diffusion, …). Pas de partage sous les droits d’auteur = pas de SACEM. En effet, ne plus avoir à télécharger le contenu illégalement – car disponible 24/7 tant qu’il y’a une connexion internet – a tué le téléchargement. Il est même redevenu une source de vente pour les albums dématérialisés.
Parlons-en du dématérialisé ! Avant le stream, y’avait les CDs. Tu ne pouvais posséder cette version du son qui cassait les radios que si t’achetais l’album entier. Un bon moyen de vendre toute sa musique. Premièrement, les ventes de CDs ont chuté comme jamais auparavant et l’industrie a perdu plus de la moitié de son capital en 15 ans. Ensuite, les études montrent que les utilisateurs écoutent/recherchent plus les chansons qu’ils aiment ou qui buzzent que les projets des artistes dans leur intégralité. Et pourtant ils ont là, gratuitement en majorité. Cette tendance influence tant les algorithmes, qu’il faut maintenant sortir une ou deux chansons optimisées pour des playlists précises afin d’être plus écouté, voire décoller.
On peut dire que moins de CDs = moins de plastique, et c’est vrai ! Ça passe de 61 millions de kilos estimées il y’a 21 ans, à 8 millions en 2016. Mais si on parle d’équivalents carbone aux mêmes dates, c’est 150 millions de kilos en 2000 et plus de 350 millions en 2016, rien qu’aux USA. Et oui, tu te souviens quand je te parlais des données qu’on n’a pas à stocker ? Il faut bien que quelqu’un le fasse, et les serveurs consomment énormément d’électricité. Le pire dans cette histoire, c’est que je te parles pas encore des sites comme Netflix ou Amazon Prime.
AU FINAL
Le stream musical, c’est une toute autre façon de consommer la musique. Il a fallu repenser la structure pour continuer à générer des revenus “corrects”, mais l’artiste reste encore en bas de la chaîne. Et ça manque encore d’équité selon les styles de musique écoutés, comme le montre l’étude du tout récent CNM (Centre National de la Musique). Il propose aussi des solutions intéressantes pour y remédier. Donc si tu veux aider tes artistes préférés, choisis bien les plateformes où les écouter. Ou vas les voir en live.
PS : Deezer est le premier site de streaming musical français et il a travaillé dès le début avec la SACEM pour une meilleure rémunération des artistes et la valorisation des droits d’auteurs.
Pour aller plus loin :
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